Dominique – juin 2016

En novembre 2004, le diagnostic de la « maladie gélatineuse du péritoine » est tombé.

Une gifle monumentale ! Aucun symptôme, je me portais à merveille compte tenu de mon âge, 47 ans, et de ma condition physique. En effet, je parcourais chaque semaine une vingtaine de kilomètres, je pesais 52 kg, très active, j’avais repris des études et j’étais parvenue en Master1 de psychologie. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes !

Lorsque je rencontrais le Docteur, les fils de la coelioscopie ornaient toujours mon abdomen.

J’assimilais deux éléments essentiels : la CHIP était la meilleure chance de survie mais l’intervention était programmée le 21 février 2005. Trois mois durant lesquels je vivrais avec l’idée d’un alien se développant dans mon abdomen.

Mes enfants et mon époux ont dû faire face à cet événement. En fait, tous n’ont pas pris la mesure de la gravité de la maladie. Normal ? Peut-être ! Salvateur ? Sans doute ! Mes beaux-parents sont décédés à 47 et 48 ans d’un cancer il y a plus de quarante ans…

J’ai passé mes partiels « tête baissée » en janvier et à mesure que la date de l’intervention approchait, deux sentiments grandissaient. Je voulais que cet alien fut arraché de mes entrailles mais j’avais la frousse de l’intervention elle-même et de ses suites. Je pressentais les difficultés à venir.

Je me suis réveillée comme tous ceux qui ont subi la CHIP anéantie mais vivante ! Incapable de bouger avec cette seule idée obsédante : je suis vivante.

L’année qui a suivi la CHIP, j’ai tout fait pour retrouver des conditions physiques normalisées et il est vrai que même si je ne pouvais plus parcourir les distances d’avant l’opération, je ne m’en tirais pas trop mal. J’ai repris mes cours à la Fac début avril et j’ai passé les partiels en mai. Tous validés ! Chouette !

Oui, chouette ! Sauf que, à la date anniversaire de l’opération, je me suis réveillée au matin avec la même idée obsédante : je suis en vie ! Et la dégringolade vers la dépression a commencé. En silence, dans le secret, l’angoisse de voir réapparaître l’invité surprise, ce maudit alien… J’ai arrêté la Fac. J’ai fermé la boutique et attendu… observant les étapes de la reconstruction progressive de mon âme de mécréante.

C’était il y a dix ans. Le temps a mis à distance la maladie. Le Docteur est devenu Professeur. Nous nous retrouverons fin septembre pour un nouveau bilan. Bilan que j’ai fini par apprécier puisque, jusqu’à présent, il me permet de renouveler mon abonnement à la vie.

Et vous savez quoi ? Je demande mon admission à la Fac pour la rentrée prochaine !