Élisabeth – mars 2014

L’accompagnement de mon mari en fin de vie.

Je parlerai d’accompagnement partagé, mutuel, à double sens:chacun aidant l’autre. Pour moi, soutenir et aider mon mari dans l’épreuve de la maladie et de fin de vie, et pour mon mari, me préparer ainsi que mes filles à sa prochaine disparition.

L’accompagnement est un lien d’amour.

Accompagner, c’est s’adapter à une nouvelle vie faite de pertes (forces physiques, altération de l’état général, perte de notre intimité) et de découvertes (compassion ouverture de conscience, retour à l’essentiel).

Accompagner son conjoint, c’est respecter sa liberté, être « juste au milieu ». Faire « juste ce qu’il faut « , c’est aider sans imposer .

Accompagner, c’est s’autoriser à se reposer, à prendre un moment pour soi, pour se ressourcer, pour reprendre son souffle. C’est parfois dire « là , je ne suis pas d’accord avec toi ».

Accompagner, c’est être vrai. C’est accepter de ne pas tout comprendre, accepter son impuissance devant l’inéluctable.

Accompagner, c’est accueillir chaque nouvelle journée, l’une après l’autre, telle qu’elle est avec ce qu’elle apporte de douloureux mais aussi de merveilleux.

S’accompagner, c’est accorder sa confiance totale à l’autre. S’accompagner, c’est revenir à l’essentiel, c’est s’écouter, se parler, pardonner et se pardonner. C’est enlever les derniers petits cailloux qui font mal dans nos chaussures.

S’accompagner, c’est préparer l’avenir (au delà de la mort) . C’est se dire et se redire « Je t’aime ». S’accompagner, c’est vivre la vie jusqu’au bout .

Et lorsque les mots ne sont plus utiles, c’est encore et juste synchroniser sa respiration sur celle de son amour, c’est lâcher ses doutes et ses peurs et se laisser porter par l’espérance pour vivre l’instant présent comme un moment d’éternité.

S’accompagner, c’est aimer et se laisser aimer.