Georges – 76 ans – mai 2023

Témoigner pour aider d’autres personnes qui partagent la même maladie ou témoigner pour se rassurer soi-même ? Il y a sans doute les deux buts simultanément. Parler pour échanger son expérience c’est déjà vaincre la maladie et ne plus en avoir peur.
Mon cancer de l’estomac a été découvert il y a six ans ; un parcours compliqué avec des moments cruciaux où la chance peut aider, des moments douloureux où le courage est sollicité.

Je peux énumérer les étapes, avec le poids comme repère : 78 kg, ablation de l’estomac, choc septique, choc hémorragique, coma artificiel, sténose cicatricielle avec dysphagie, dilatations…61kg. Alimentation jéjunale… 68 kg. J’ai retrouvé mon poids de jeune homme  et une vie normale pendant presque 4 ans. On m’annonce que je suis guéri, la surveillance est terminée. Il n’y a aucun signe de récidive. Je n’y crois pas vraiment, car je commence à ressentir à nouveau des difficultés pour avaler. Des examens ne révèlent rien.
Cette dysphagie s’aggrave, je ne peux ni manger ni boire. Je suis dans un état de dénutrition et de faiblesse extrême. Mon poids a chuté dramatiquement … 52kg ! Une nouvelle opération exploratoire est pratiquée. Elle révèle une reprise du cancer dans le péritoine, 5 ans après le diagnostic initial, ce qui est rare. Les médecins me prescrivent une chimiothérapie via un pack, avec en parallèle, une réalimentation via un Picc-Line, 13h par nuit. Après 10 mois j’ai repris du poids … 61 kg. J’en suis là.

Après toutes ces pénibles péripéties, je dois avouer que je n’ai jamais cédé au désespoir. Je n’ai souffert que rarement lors d’examens inconfortables. Dans ces moments là, je me projette dans les jours qui vont suivre et ça m’aide à les supporter. Par ailleurs, je m’occupe l’esprit en écrivant l’histoire d’un grand-père héroïque, en échafaudant quelques projets ou en pratiquant quelques activités : guitare, reliure, aquarelle. En parallèle, je m’astreins à marcher régulièrement, au minimum deux à trois kilomètres par jour. C’est une thérapie empruntée à une connaissance qu’on avait vue très malade et qui au bout de dix ans respire toujours la bonne santé et la bonne humeur.

Mon cancer est devenu une maladie chronique, tenue en respect par la chimiothérapie. J’espère pouvoir savourer ce plaisir de vivre encore quelques années, en attendant, qui sait, les progrès spectaculaires promis par la recherche médicale.