– Printemps 2013 : bien qu’en bonne forme générale, depuis plusieurs mois je me sens fatigué, besoin de sieste, sensations fugitives d’épuisement. Je décide de consulter un médecin orienté en médecine morphologique, anti-âge et micronutrition . Une première analyse de sang met en évidence une forte carence en B12 ainsi qu’une inflammation. Mon organisme se bat contre quelque chose ! Par ailleurs je prends du ventre ; rien d’étonnant à 55 ans. Cependant j’ai plutôt une morphologie de mince (1m92 – 90kg) ; faisons donc une échographie pour voir…
Cette étape est importante, car cela fait des mois que les symptômes gros ventre + fatigue auraient dû alerter. Sans ce médecin et ses vraies investigations, il serait aujourd’hui probablement trop tard.
– 6 novembre 2013 : l’échographie met en évidence une présence d’ascite dans l’abdomen. Je sais que cela ne présage rien de bon et contacte le médecin qui obtient un rendez-vous au scanner le jour même (oui, c’est possible). Premier verdict : CANCER du péritoine !
– 13 novembre 2013 : un RdV d’urgence est obtenu auprès d’un médecin qui pose un premier (bon) diagnostic et m’oriente vers un centre expert . Merci !
– 29 novembre 2013 : consultation au centre expert, le diagnostic est confirmé ( pseudomyxom péritonéal) et la date d’intervention est fixée au 16 décembre.
– 16 décembre 2013 : opération + CHIP. Ablation de la vésicule biliaire, de la rate, du colon, de morceaux de péritoine, 1/3 de l’estomac, grattage du pancréas, du diaphragme. Pas de stomie.
Les premiers jours sont très durs (et que dire des nuits ?…), néanmoins la péridurale et la pompe à morphine les rendent supportables. Dans le lit, une seule position est possible car mon corps est relié à une douzaine de tuyaux eux-mêmes reliés à des bouteilles, poches ou boîtes. J’essaie d’alterner avec le fauteuil mais cela prend beaucoup de temps aux infirmières à cause des tuyaux et je ne peux rester plus d’une demie heure assis.
Chaque jour, mon épouse m’apporte de la nourriture car ici je la trouve infecte. Sa présence à mes côtés durant trois semaines m’apporte un énorme réconfort. Cela est possible grâce à la structure d’accueil « La Maison de Pari » et aux magnifiques personnes qui y travaillent. A elles et aux bénévoles, toute ma gratitude et mon admiration.
Peu à peu les drains sont enlevés, laissant de plus en plus de liberté de mouvement. Prendre sa douche seul, marcher un peu…
– 6 janvier 2014 ( J + 20) : retour à la maison, -25kg. Grande fatigue, tout est effort, mais je peux m’assumer seul. Les repas restent compliqués et il faut absolument manger peu (fractionné), sinon, gare aux douleurs et vomissements ! Mais l’appétit est la, je l’entretiens en consultant des livres de recettes… Je m’astreins à de nombreux petits exercices, marcher surtout, autour de la table, puis de la maison. J’ai dû conserver la sonde urinaire qui est une vraie gêne et occasionne de plus en plus de douleurs. Une bactérie résistante me vaut deux visites aux urgences.
Il est important de veiller aux mesures de désinfections et de changer la poche fréquemment.
– 24 janvier 2014 (J + 38) : visite de contrôle. Verdict : maladie de bas grade, pas de chimiothérapie. On m’enlève la sonde urinaire. La vie peut vraiment commencer !
Les jours suivants sont consacrés à marcher chaque jour un peu plus. Sont à signaler des désagrément intestinaux, douleurs après repas, vomissements, sang dans les selles… Mais rien de catastrophique au regard du mois précédent.
– 20 février 2014 (j + 60) : ce jour est important car je me suis fixé comme objectif d’accomplir seul une randonnée au dessus du lac du Bourget, 470 m de dénivellation. La météo est sublime, les chaînes de montagnes visibles de très loin, le lac scintillant de lumière. C’est dur, je suis terriblement essoufflé, j’ai des douleurs dans tout le dos, mais je réussis ! Pour moi, cela marque une étape, et pour toi qui me lit, l’espoir de t’en sortir malgré les terribles incertitudes que tu as vécues ou que tu t’apprêtes à vivre.
Le corps humain a des capacités de récupérations stupéfiantes !
– 23 avril 2014 (j + 4 mois) : le scanner de contrôle est favorable, mon état général progresse même si les kilos tardent à venir (+3 kg) et que des douleurs et faiblesse persistent encore. J’espère reprendre le travail dans quelques mois.
On peut donc guérir d’un cancer ?
Outre les compléments alimentaire spécifiques à mes carences, j’ai utilisé et utilise encore :
– Spiruline de Savoie (source de protéines) ;
– Aloe Vera de Forever (propriétés cicatrisantes) ;
– Ginseng, gelée royale, germes de blé (tonus).
– Retour sur expérience.
L’annonce d’un cancer, la maladie qui fait peur, m’a fait basculer subitement dans une autre réalité. Je suis devenu le centre d’un tourbillon d’intérêt et d’activités avec une sensation d’incorporalité, comme si j’étais positionné au delà, sur un autre plan.
On m’a dit qu’il fallait me battre. Mais contre quoi ? Comment ?
Pour moi, je devais simplement accepter de souffrir et me préparer à mourir. Cela arrive à tellement d’autres, pourquoi pas à moi ?
Pour avoir exploré ces territoires aux limes de la vie, je reviens avec un regard plus détaché sur les évènements du quotidien, comme si l’essentiel n’était que dans la qualité des relations avec autrui, de pourvoir évoluer dans la nature et dans le bonheur simple de vivre ; avec en plus l’expérience pratique de la notion d’impermanence…
Toute épreuve n’est elle pas faite pour nous donner l’heur de grandir ?…
Je tiens à témoigner mon immense gratitude à tous ceux qui m’ont accompagné dans cette épreuve.